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jueves, 18 de octubre de 2007

Google


par Jacques-Alain Miller


Google est l'araignée de la Toile. Il y assure une métafonction : celle de savoir où est le savoir. Dieu ne répond pas ; Google, toujours, et tout de suite. On lui adresse un signal sans syntaxe, d'une parcimonie extrême ; un clic, et... bingo ! c'est la cataracte : le blanc ostentatoire de la page se noircit soudain, le vide se renverse en profusion, la concision en logorrhée. A tous les coups l'on gagne.Organisant la Très Grande Quantité, Google obéit à un tropisme totalitaire, glouton et digestif. D'où le projet de scanner tous les livres ; d'où les raids sur toutes les archives : cinéma, télévision, presse ; au-delà, la cible logique de la googleïsation, c'est l'univers entier : le regard omnivoyant parcourt le globe, tout en convoitant les petites unités d'information de tout un chacun. Confie-lui ton fatras documentaire, et il mettra chaque chose à sa place - et toi-même par-dessus le marché, qui ne seras plus, et pour l'éternité, que la somme de tes clics. Google, « Big Brother » ? Comment ne pas y penser ? D'où la nécessité pour lui de poser en axiome sa bonté foncière.Est-il méchant ? Ce qui est sûr, c'est qu'il est bête. Si les réponses foisonnent à l'écran, c'est qu'il comprend de travers. Le signal initial est fait de mots, et un mot n'a pas qu'un seul sens. Or le sens échappe à Google, qui chiffre, mais ne déchiffre pas. C'est le mot dans sa matérialité stupide qu'il mémorise. C'est donc toujours à toi de trouver dans le foin des résultats l'aiguille de ce qui fait sens pour toi.Google serait intelligent si l'on pouvait computer les significations. Mais on ne peut pas. Tel Samson tondu, c'est en aveugle que Google tournera sa meule jusqu'à la fin des temps.
from: [AMP-UQBAR] TLN. Supplément au N° 317


Google

por Jacques-Alain Miller

Google es la araña en la Tela. Asegura una metafunción: la de saber donde está el saber. Dios no responde; Google, siempre, inmediatamente. Le dirigimos una señal sin sintaxis, con una parcimonia extrema; un clic, y...bingo! viene la catarata: el blanco ostentoso de la página se ennegrece súbitamente, el vacío se invierte en profusión, lo conciso en logorrea. Siempre que tiramos ganamos.Organizando la Enorme Cantidad, Google obedece a un tropismo totalitario, glotón y digestivo. De allí el proyecto de escanear a todos los libros; de allí los raids sobre todos los archivos: cine, televisión, prensa; más allá, el blanco lógico de la googleización, es el universo entero: Confíale tu desorden documentario y él pondrá cada cosa en su lugar - y a tí mismo además, que no será ya, y para la eternidad, más que la suma de tus clics. Google, ¿"Big Brother"? ¿Cómo no pensarlo? De allí la necesidad para él de plantear como axioma su bondad profunda. ¿Es malo? Lo que es seguro, es que es necio. Si las respuestas abundan en la pantalla, es porque comprende de través. La señal inicial está hecha de palabras, y una palabra no tiene un solo sentido. Por lo tanto el sentido escapa a Google, que cifre, pero no descifra. Es la palabra en su materialidad estúpida lo que memoriza. Por lo tanto, siempre te toca a tí encontrar en el cúmulo de los resultados la aguja de aquello que produce sentido para tí.Google sería inteligente si pudiéramos computar las significaciones. Pero no podemos. Tal como Sanson rapado, como un ciego que Google girará su rueda hasta el fin de los tiempos.

from: [AMP-UQBAR] TLN. Supplément au N° 317
Traducción: Silvia Baudini

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